Nom du projet
Aménagement Urbain du Lotissement « La perle du lac »
Lieu
Tunis Tunisie
Année
2016/2020
Ils parlent de nous
Descriptif
En collaboration avec:
Sarah MEBAZAA architecte urbaniste et Aleaolea Architecture & Landscape

Maître de l’ouvrage: SPLT, Société de Promotion du Lac de Tunis
Concours de Design Urbain gagné en 2016.

Les objectifs du projet visent à assurer un développement durable, de qualité, du lotissement ; ils mettent l’accent sur l’aménagement de la corniche, sous la forme d’une promenade lacustre, celui de la voie de bordure du canal de ceinture, du mail central du lotissement, des places publiques ; ils recommandent le bon dosage entre le minéral et le végétal, l’articulation entre les espaces plantés et les places piétonnes, le traitement du rapport à l’eau, l’intégration des circulations douces, de la trame verte et du mobilier urbain. Le défi consiste à donner aux éléments structurants de la zone une identité et une qualité sensible favorable à l’appropriation et au partage de l’espace.
S’inscrivant en droite ligne des orientations établies par les Ateliers Lion et développées par la SCET-Tunisie, et compte tenu du retour d’expérience de la SPLT et des résultats du diagnostic critique opéré sur les opérations antérieures, les aménagements doivent accorder la primauté au respect des emprises d’espaces publics ainsi qu’à la répartition des usages sur le profil des voies.
Simplicité, minimalisme et durabilité sont les maîtres mots du projet. Il s’agit de proposer un aménagement de qualité, mettant en valeur le site, en appui sur sa composante paysagère, tout en évitant la moindre ostentation superflue. Proposant une nouvelle façade de Tunis sur son plan d’eau, l’opération doit renforcer les différentes activités lacustres. L’aménagement intègre les différents équipements d’infrastructure de transport, de réseaux divers, etc. Il se doit de traduire la volonté de la SPLT à améliorer progressivement le paysage urbain de ses nouveaux lotissements dans une logique de développement durable. S’inscrivant dans la modernité tout en respectant le contexte arabo-musulman, l’opération doit affirmer le caractère structurant de l’espace public dans l’organisation de la nouvelle cité, tout en accentuant son attractivité pour qu’il soit agréable d’y habiter, d’y travailler, de s’y promener ou tout simplement de le traverser.
C’est ainsi que les concepteurs résument l’idée directrice de leur projet. En appui sur les différents potentiels dont est chargé le plan de masse du lotissement, à savoir les principes d’orthogonalité, d’ouverture sur le plan d’eau, d’agencement des îlots et des gabarits de masses. Le concept du projet prend sa source également depuis trois idées maitresses qui se déclinent ainsi :
− La ré-appropriation de l’espace public par son utilisateur (qu’il soit piéton, motorisé ou cycliste) ;
− La ré-écriture de la coexistence des différents circuits (piéton, véhiculaire et cycliste) ;
− La ré-attribution (par anticipation) des espaces de transition
Deux autres composantes seront également développées, à savoir :
− La dimension paysagère avec un accent mis sur la phytoépuration (ou l’épuration par les plantes);
− La modularisation des équipements de rue

CONCEPTS PAYSAGERS
LA RE-APPROPRIATION DE L’ESPACE PUBLIC
S’opposant à la pratique, habituellement en cours dans la sphère architecturale et urbaine moderne, qui fait de l’usager un étranger à l’urbanisme qui l’entoure et, malheureusement, un spectateur impuissant d’une dynamique de laquelle il est rejeté, les concepteurs s’efforcent de lui rétablir son rôle de faiseur de l’espace. Prenant en compte à la fois le piéton, l’automobiliste, le cycliste (grand oublié de l’urbanisme local), ils s’attachent à faciliter à chacun sa pratique de la ville dans un partage équitable de l’espace public. Accordant la primauté au piéton, le projet développe quatre composantes urbaines différenciées, interconnectés et complémentaires.
« WALK TO THE SEA »
Alors que la plupart du temps le front d’un plan d’eau constitue, soit, une finalité, soit, une accessibilité partielle, les concepteurs prennent le parti d’accorder toute son importance au parcours vers l’eau, et d’en soigner l’aménagement, avant de consacrer l’aboutissement.
Ainsi le travail s’est centré sur la voie transversale qui matérialise le premier et principal « WALK TO THE SEA ». Les éléments développés dans cette démarche sont le jardin et la place en amont, la place située en front de mer et la connexion avec le lac.
Dans le droit fil de cette démarche, deux autres « WALK TO THE SEA » secondaires ont été conçus pour renforcer l’idée et ouvrir totalement et sans restriction le lotissement vers le Lac, permettant ainsi l’appropriation et le partage des qualités paysagères de l’espace public.
Soulignant la composante aquatique caractérisant l’ensemble des limites du lieu (plan d’eau et canal), deux cheminements différents ont été imaginés. Le premier le long du lac est réparti en trois tronçons distincts, dont deux végétalisés et le troisième minéralisé. Ce premier cheminement est, à son tour, décliné en deux promenades, la première haute et la deuxième basse, et ce pour répondre au mieux aux caractéristiques topographiques du terrain qui place la surface constructible à environ 2 mètre au-dessus du niveau du lac.
Le deuxième cheminement, prévu le long du canal, matérialise une autre option de déambulation, cette fois périphérique ponctuée par des aménagements ponctuels à même de marquer cette promenade et de créer quelques points évènementiels et fonctionnels le long du canal.
Compte tenu des spécificités climatiques, caractérisées par un fort ensoleillement en période d’été, la préférence a été accordée aux plantations arbustives, ponctuant l’espace et les cheminements les plus fréquentés par des essences végétales pourvoyeuses d’une ombre dense et présente le plus clair de l’année.
Dans le but d’éviter l’aseptisation et le lissage qui caractérisent habituellement l’espace public, l’accent a été mis sur la caractérisation différenciée de chaque entité, parmi les quatre configurant l’ensemble, au moyen d’une végétation spécifique donnant à chaque entité une tonalité propre identifiable.
Le choix des arbres dans les espaces à caractère urbain (rue, boulevard etc.) est basé sur une hiérarchisation et une distribution qui permet, d’une part, de donner un caractère distinctif à chacun des espaces et, d’autre part, de répondre à des contraintes fonctionnelles et de dimensionnement.
Ainsi, le Boulevard central, par lequel passera le tramway, présente une largeur plus importante à savoir 54,4 m. Il est composé d’un terre-plein central de 15 m et deux trottoirs latéraux de 7,2 m chacun. Considérant l’importance de cet axe, le choix s’est porté sur des arbres de grandes dimensions. Sur les trottoirs les arbres sont placés sur la zone technique en dehors des espaces de circulation des piétons. Au niveau des quartiers, un même arbre d’alignement a été choisi pour les trois axes qui vont directement du canal vers le lac, il s’agit du Melia Azedarach qui permet de faire la transition entre un quartier et un autre. Pour les rues du quartier qui font 22 m de largeur avec deux trottoirs latéraux de 5 m, les arbres choisis parmi les espèces de port réduit plus adaptés au caractère domestique des lieux, sont plantés sur la bande technique pour ne pas encombrer l’espace de circulation des piétons. Quatre espèces à floraisons différentes ont été choisies permettant ainsi d’identifier chacun des quartiers.
RE-ECRITURE DE LA COEXISTENCE DES DIFFERENTS CIRCUITS
Le deuxième principe du projet d’aménagement concerne le partage équitable de l’espace entre l’automobile, le vélo et le piéton. Le défi consiste à résoudre la contradiction intrinsèque à la notion de partage qui renvoie, d’une part, à la mise en commun et donc à l’appropriation conjointe de l’espace, et d’autre part, à la partition et donc à l’appropriation singulière ou individuelle de l’espace. Il s’agit de trouver le bon dosage entre mixité et séparation.
RE-ATTRIBUTION DES ESPACES DE TRANSITION
Pour éviter le détournement d’affectation, a posteriori, par les commerces, d’espaces à l’origine réservés au piéton, il est prévu d’attribuer par anticipation une bande de trottoir aux cafés, commerces, restaurants, etc. Cette proposition devait permettre aux commerces d’envisager une extension de plein jour sans que cela n’empiète sur l’espace public et ne nuise à sa cohérence.
MODULARISATION DES EQUIPEMENTS DE RUE
Dans le sens de la simplicité et de la durabilité, les concepteurs proposent l’adoption d’un module unique qui se transforme, en fonction du besoin, en banc public, tablette entre deux sièges, support de végétal ou encore support de poubelle, etc. Ces modules prendraient racine depuis le sol comme s’ils en faisaient partie dessinant une continuité sans rupture, soulignant ainsi une fluidité spatiale.
DIFFERENTES SEQUENCES PAYSAGERES
Il s’agit d’éviter l’artificialité et le lissage pour permettre aux promeneurs d’avoir une expérience paysagère plus « naturelle » et plus proche de l’eau.
Plutôt que d’aménager des « espaces verts», le parti a été pris de recréer un paysage qui se rapprocherait le plus possible de l’écosystème local. Ce paysage serait caractérisé par une végétation typique des marais, avec, sans doute, un maquis méditerranéen, un bosquet, comme celle dont les traces embryonnaires sont perceptibles sur le terrain.
Le programme à forte densité urbaine, et particulièrement chargé, du projet exige des réponses paysagères adaptées. La stratégie générale paysagère se développe ainsi autour de deux grands principes :
− Un paysage « urbain intérieur » structuré et fonctionnel, où les plantations et, principalement, les arbres d’alignement sont choisis suivants un système de hiérarchisation des espaces en fonction de leur dimensionnement et de leur représentativité, mais également suivant une logique de caractérisation de chacun d’entre eux
− Un paysage « naturel, ouvert, sur l’eau », à savoir le lac et le canal.
Le concept paysager décline des parcs parsemés d’équipements de loisirs et de sports, ouverts aux utilisateurs, avec une plantation adaptée.
Sur le côté nord du canal où il s’étendrait, le parc pourrait créer, en plus de sa fonction initiale de promenade et le loisir, une de barrière de protection vis-à-vis des nuisances produites par les échangeurs et des voies rapides qui le bordent. La première frange de bosquet servirait de ceinture protectrice pour le projet et se diffuserait progressivement en allant vers le canal.
En deuxième plan et aux abords du canal, se le projet de paysage comprend un parc de phyto épuration, qui en plus de sa fonction de purification de l’eau déversée dans le canal, qui elle-même et durant les pluies torrentielles se déverse dans le lac, est l’occasion de créer un espace public ouvert de qualité.
Recréer un paysage naturel, améliorer la qualité de l’air et celle de l’eau et, donc, de l’ensemble de l’écosystème du lac en général, tout en profitant de ces espaces comme lieu de détente et de promenade ouverts au public, voilà les intentions des concepteurs du projet La Perle du Lac, conçu comme un quartier où l’architecture du paysage a une valeur centrale.
Texte aleaolea / Archibat.